Hier, lundi 17 novembre, se déroulait une réunion d'information sur une modification de la circulation des bus dans le quartier du centre-ville Nord de Rennes (quartier Visitation, Hoche, Sainte
Anne).
Une évolution était réclamée depuis longtemps (voir article sur le Code de la rue sur ce blog Le code de la rue contre la
violence routière.)
En effet, la densité du trafic des bus sur la portion Motte Fablet/Antrain, c'est à dire entre la Place Sainte Anne et la Visitation et entre la rue Le Bastard et la Visitation, met gravement en
danger la sécurité des personnes et notamment des enfants et des personnes à mobilité réduite.
C'est donc plein d'espoir que je me suis rendu à cette réunion annoncée comme réunion de concertation, espérant un projet qui améliore la sécurité des piétons et des vélos face aux quelques 900
bus qui passent chaque jour dans ces rues. Un peu plus de 50 personnes du quartier ont fait de même.
Hélas, M. Berroche, adjoint au maire chargé de la circulation et M. Le Bougeant, élu du quartier et conseiller général, ont commencé à nous expliquer qu'ils avaient peu de solutions, qu'ils
avaient déjà choisis la moins mauvaise, que c'était comme ça et qu'ils assumaient.
En quelques semaines, c'est le troisième projet (sur 3) imposé sans concertation sur le quartier après les antennes-relais sur l'Eglise Sainte Mélaine et l'étonnant Centre des congrès au Couvent
des Jacobins.
Non seulement la majorité socialiste s'est empressé d'oublier le principe de précaution ou le code de la rue mais en plus il piétine ses propres engagements autour de la concertation et de la
co-construction des politiques publiques avec les habitants. Si on peut ironiquement applaudir sur le thème, on vous l'avait bien dit, je préfère espérer qu'ils ne s'agissent que d'erreurs
temporaires qui vont être corrigées.
Alors quelle est la solution retenue et dont les travaux commencent dès janvier pour une fin prévue en septembre 2009 ?
3 hypothèses ont été présentées :
1 - Un découplage "total" de la circulation des bus sur cette zone soit maintien des bus qui montent et nouvel itinéraire pour ceux qui descendent (rue Guillaudot jusqu'au Pont Pasteur et
quais ensuite pour rejoindre République).
2 - La création d'un sas de 180 mètres entre la Place du Champ Jacquet et le début de la rue d'Antrain avec circulation alternée.
3 - Un découplage "partiel" avec maintien des bus qui montent et nouvel itinéraire pour ceux qui descendent (rue Guillaudot, rue des Fossés, rue de Bertrand, enfin raccordement au circuit
habituel)
Selon Le technicien de Rennes Métropole, la première n'est pas possible pour des raisons commerciales. En bref, le responsable commercial et marketing de Kéolis/ la Star, pensent qu'un
découplage c'est pas bon pour les clients qui ne savent plus où prendre le bus et donc consomment moins de voyage. Une autre raison évoquée est l'impossibilité technique de faire tourner les bus
Pont Pasteur. Si les habitants reconnaissaient une complexité technique sur ce virage, ce n'est pas impossible et réfuter cet itinéraire pour cette raison est purement scandaleuse car
hypocrite.
La deuxième hypothèse est réfuté pour d'autres mauvais arguments. Le sas est la solution la moins coûteuse et peut facilement être mises en place. Ce n'est cependant pas une solution car
un tel sas est soit trop long soit trop court. Concentrant les bus dans le sens de la montée au niveau d'un feu place du Champ jacquet et dans le sens de la descente au niveau de la rue
d'Antrain, cette hypothèse ne pourrait servir que comme solution temporaire pour mener à bien une concertation.
C'est donc la troisième hypothèse qui est retenue. Une sorte de compromis bancal entre la politique commerciale de la Star et la sécurité des piétons et des vélos.
Pourtant, le tranfert du passage de 400 bus sur d'autres rues qui ne subissaient pas ce passage déporte le problème et le diffuse.
Le problème de la sécurité des piétons, si il se trouve amélioré rue de la Motte Fablet (moins 400 bus par jour), n'est néanmoins pas réglé et cette politique génère de nouveaux problèmes de
sécurité pour les piétons entre la rue Sainte Mélaine et l'école Jean Zay par exemple, au niveau du carrefour rue Hoche, rue de la Visitation, rue de Bertrand, rue des Fossés (proximité du
conservatoire et de l'accès pour les enfants à la piscine Saint Georges), ou encore à l'angle de la rue le Bastard et de la rue de Bertrand.
Pour les vélos, rien n'est prévu rue Guillaudot et même rue de Bertrand et le danger risque d'être grand pour ces usagers de la voirie.
Quant aux nuisances pour les habitants et les commerçants de la rue de Bertrand, de la Rue des Fossés et de la rue Guillaudot, elles sont énormes. Passer de 0 à 300 bus par jour, et d'un projet
de rue piétonne (promesse tenue par la majorité précédente il y a trois ans) à une voie de circulation dense, vous imaginez la colère des habitants et commerçants de ces rues. Sans compter les
risques de fissures ou d'écroulement pour les habitations très fragile dans ce secteur ou le remplacement du revêtement pavé sur plusieurs portions rue de Bertrand et rue Hoche.
L'hypothèse retenue par les élus fait fi des revendications des personnes présentes dans la salle, plus d'écologie, un nouveau plan de circulation avec moins de bus dans l'hyper centre, des bus
plus propres, une priorité donnée aux déplacements piétons et vélos et à la sécurité des personnes plutôt qu'au chiffre d'affaires de la Star, de la concertation, et de l'imagination dans
l'élaboration des politiques publiques.
Ce plan de circulation remet en cause la promesse du développement du plateau piétonnier, ce que nous avions déjà décelé avec l'hypothèse centre des congrès au Couvent des Jacobins.
Le centre-ville est aussi un quartier. Ce n'est pas simplement un lieu de consommation de produits marchands ou culturels ou un noeud de circulation, c'est un espace de vie où doivent cohabiter
les différents usages. Le déplacement en est un et loin de nous l'idée qu'il faut supprimer une partie des bus. Le transport en commun est une solution écologique, un outil d'égalité et
d'émancipation. Mais ce n'est pas le seul. Il serait utile qu'une enquête soit menée dans différentes villes en France et à l'étranger confrontées au même problème et donner aux riverains la
capacité et le temps de mener une étude alternative.
Lors de cette réunion, nous avons assisté à une présentation désespérante d'élus démunis et de techniciens aux ordres de Kéolis/la Star. Aucune marge de négociation, une écoute polie mais ferme,
on se croirait devant les vieux guichets administratifs décrits par Kafka ou caricaturés. Il ne resterait plus, pour bien faire, qu'à organiser un accompagnement psychologique pour les riverains,
histoire de faire passer la pilule.
C'est sans compter sur les personnes présentes dans cette salle hier soir, toutes sceptiques ou opposées fermement au projet. L'infantilisation des citoyens est inacceptable. Des initiatives
devraient suivre.