Il me regardait, les yeux perdus dans le vague, un masque sur le visage, le front ridé déjà, "pourquoi", "à cause de qui", semblait-il dire de sa bouche sans sourire. La culpabilité, ce sentiment puissant, m'envahissait au fur et à mesure et pourtant, pourtant, j'avais fait de mon mieux. De mon mieux pour m'occuper des miens, de mes intérêts. J'avais donné du confort, des loisirs à mes enfants, mais peut-être avais-je oublié l'essentiel, notre environnement social, naturel, humain. La terre, l'air, l'eau. Les enfants étrangers chassés comme des bêtes, les sans-logis errants au bord des routes, la dignité qui s'en va, mon cœur qui s'assèche.
Un vieil écologiste, un peu fantasque, me l'avait pourtant dit un jour : "tu verras, de toute façon, on aura pas le choix, ça va nous tomber de dessus, faudra bien à ce moment-là faire le nécessaire. Y-a peut-être une chance, encore. Commençons d'abord par arrêter de bousiller la planète, notre seule maison. On a nul part ailleurs où aller." J'ai joué l'indifférent.
Et vous, vous votez indifférence le 10 juin ?